lettre ouverte a M. macron: president de la republique francaise

En date du 22 mars 2021, a été publiée au Journal officiel de la République française, la loi n° 2021-302 autorisant l’approbation d’une nouvelle convention d’extradition entre la France et l’Algérie. Cette promulgation intervient quelques jours seulement après que les autorités algériennes aient émis des mandats d’arrêt internationaux contre plusieurs activistes et blogueurs du Hirak algérien installés à l’étranger, dont certains résident en France.

S’agit-il d’une simple coïncidence ou du soutien inconditionnel et aveugle à un pouvoir en fin de vie ? Cette concomitance des faits interroge pour le moins, à l’heure où les Algériennes et Algériens s’inquiètent de la dérive répressive du pouvoir et alertent depuis deux ans l’opinion internationale et française en particulier, sur une situation politique et des droits humains alarmante.

Le 22 février 2019, des millions d’Algériennes et d’Algériens sont sortis massivement et pacifiquement dans les rues pour dire « Non » au cinquième mandat de M. Bouteflika et reprendre leur destin en main. Ils exigent l’instauration d’un Etat de droit, respectueux des libertés fondamentales, une justice indépendante et la liberté de la presse.

Or, depuis deux ans, le pouvoir algérien est resté sourd aux aspirations légitimes de son peuple. Pis encore, le président Abdelmajid Tebboune, désigné par la junte militaire et très mal élu le 12 décembre 2019, s’est enfermé dans une gestion sécuritaire de la crise, multipliant les arrestations d’opposants et de journalistes. La récente grâce présidentielle, de ce point de vue, ne trompe personne.

Ce pouvoir, honni par l’immense majorité des Algériennes et Algériens, est aujourd’hui dans l’incapacité de proposer une sortie de crise effective et durable. Comme l’élection présidentielle de 2019, les élections législatives convoquées pour le 12 juin 2021 sont promises à un échec certain.

M. le président de la République, nous ne comprenons pas dès lors, votre aveuglement devant l’impasse du pouvoir algérien. Nous n’acceptons pas davantage la caution que vous apportez, par ce geste, aux agissements coupables d’un régime qui n’a plus de boussole et s’évertue en dernier recours à pourchasser ses opposants où qu’ils soient et aux motifs les plus fallacieux.

M. le président de la République, la France se grandirait à entendre et soutenir davantage la voix des démocrates algérien.ne.s. Ils sont l’avenir de l’Algérie là où le régime militaire au pouvoir représente désormais le passé miné de ce pays. La relation franco-algérienne à laquelle vous attachez une grande importance ne pourra qu’être renforcée par une écoute plus attentive de cette Algérie jeune et pleine de talents qui marche pour sa liberté.

1ers signataires, membres de FreeAlgeria :

Selima SAADI (Debout l’Algérie Lorraine)

Nadia SALEM (Debout l’Algérie Lorraine)

Malika BENARAB-ATTOU (Collectif de Soutien Lyonnais au Peuple Algérien)

Nadia MEZHOUD (CSLPA)

Salim SALAH (CSLPA)

Bachir SELLOUMI (Collectif pour une Alternative Démocratique et Sociale en Algérie)

Amel SANSAL (CADSA, Marseille)

Sofiane Limane (Collectif des Algériens des Alpes-Maritimes)

Youssef LOLDJ (DZ United)

Faïza BOUNETTA (DZ United)

Mourad CHOUAKI (Stand for Algeria, Vienne)

Moumène CHIKHOUNE (Stand for Algeria, Vienne)

Yasmina CHIKHOUNE (Stand for Algeria, Vienne)

Dora AMOUCHE (Algériens Libres de Belgique)

Ania GHARNAOUT (Colletivo Algeria Libera Democratica)

Djamal TOUATI (Colletivo Algeria Libera Democratica)

FreeAlgeria, le 29 mars 2021